Assumer son ambition financière quand on est artiste

Pendant longtemps, j’ai cru – comme beaucoup d’autres – qu’être artiste impliquait une forme de sacrifice.
Que la création devait primer sur toute considération matérielle. Que parler d’argent risquait d’affaiblir l’intention artistique, ou pire : de la “salir”.

J’ai grandi avec cette image.
Celle de mes parents, artistes eux aussi, profondément investis dans leur pratique, mais contraints de multiplier les “petits boulots” pour payer le loyer, partir en vacances, boucler les fins de mois.
Chez eux, l’art occupait le centre. Mais l’équilibre économique restait toujours fragile. Il fallait jongler. Composer avec les urgences du quotidien.

Un modèle que je n’ai pas voulu reproduire

Après mes études, en me lançant à mon tour dans la vie professionnelle, j’ai ressenti une dissonance.
Quelque chose en moi résistait à l’idée que pour être une “vraie” artiste, il fallait accepter de galérer, ou se taire quand venait le sujet de l’argent.

J’avais envie de créer.
Mais aussi de vivre confortablement. D’avoir un cadre stable, un espace serein pour produire.
Pas dans le luxe, ni dans l’excès.
Mais dans la dignité, l’équilibre et la clarté.

Ce constat m’a poussée à reconsidérer ma posture.
À interroger en profondeur mon rapport à l’argent, aux prix, à la valeur de mon travail.
À sortir de la peur du rejet ou du jugement.
Et à construire une stratégie réaliste, sur le long terme.

Apprendre à se positionner autrement

Ce processus ne s’est pas fait en un jour.
Il m’a fallu du temps pour oser affirmer mes prix, cesser de m’excuser, apprendre à dire non à ce qui ne me respectait pas.
Mais, peu à peu, quelque chose s’est aligné.

En assumant pleinement la valeur de mon travail, j’ai vu changer les regards autour de moi.
Les partenaires, les collectionneurs, les galeries…
Tous ont commencé à percevoir mon art différemment — comme une démarche structurée, engagée, professionnelle.

Ce changement de posture a modifié mes relations, mes opportunités, mais surtout : ma manière de créer.
Car quand on n’est plus dans la survie, on peut explorer autrement. Aller plus loin. Créer avec plus de justesse, de liberté, de profondeur.

Ce n’est pas une trahison, c’est une fidélité

Croire en soi.
Définir sa propre vision.
Être au clair avec son rapport à l’argent.

Ce n’est ni une trahison de l’art, ni un renoncement à sa sensibilité.
Au contraire : c’est une manière d’honorer pleinement son engagement créatif.
De se respecter. Et de faire exister son art dans le monde réel.

Aujourd’hui, je continue à avancer sur ce chemin. Avec ses doutes, ses ajustements, mais aussi avec une confiance nouvelle.
Car je sais que je ne peux créer vraiment que si je suis alignée avec ce que je suis, et avec ce que je donne.

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